Pastoureau's Chess / Pastoral ChessLes Échecs de Pastoureau/ Les Échecs pastoraux |
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In the original French version of his book, "Une histoire symbolique du Moyen-Âge occidental" published in 2004, Michel Pastoureau, a famous historian of Middle Ages, gave an original account of Chess as it was supposed to be played in this period. But this description is very strinking because I (the webmaster of this website) never met elsewhere several given details which are affirmed by Michel Pastoureau. Would it be possible that the great historian would have made errors? This is strange indeed as Michel Pastoureau is a recognized authority who has written reference books on several subjects (such as history of colors, symbolism, herarldry, history of animals, etc.) and also because there is not a single surprising point but quite a lot! It remains very possible that Michel Pastoureau did have access to original mediaeval texts which bear these elements. However, if I strongly doubt that Chess was played according to the rules here given (for readers of French, the original Pastoureau's text is given at the end of this page), the game then described looks playable and entertaining. I suggest to call it Pastoral Chess.
Differences with accepted Mediaeval Chess rules
It seems likely that Michel Pastoureau mixes the technical aspects of the game as described in the manuscripts (such as endings, problems, etc.) with some elements that can be found in social works (the "moralities") and epic romances. I am therefore skeptical on taking this rules as genuine, however they could be tried for sake of curiosity. Original text in French
Michel Pastoureau « Une histoire symbolique du Moyen Âge occidental » La Librairie du XXIe siècle, Seuil, Paris 2004. Extrait du chapitre « L’arrivée du jeu d’échecs en Occident », pages 289-290 avec notes associées.
Les règles du jeu médiéval sont différentes de celles d'aujourd'hui, mais elles sont aussi et surtout changeantes, chaque joueur ayant, après accord avec son adversaire, la possibilité de les modifier quelque peu. Du moins si l'on en croit la littérature chevaleresque[1]. Au demeurant, comme aujourd'hui, on se vante fréquemment de savoir jouer et de connaître les règles alors qu'on les ignore. Dès le XIIe siècle, jouer aux échecs relève pleinement de la culture courtoise et l'on est fier de montrer que l'on a compétence et talent en ce domaine. La principale différence avec le jeu moderne réside en ce que la valeur de la reine (l'ancien vizir du jeu indien et arabe) est faible sur l'échiquier: elle ne peut avancer qu'en diagonale et seulement d'une case à la fois. Lorsque, à la fin du XVe siècle, la reine pourra progresser d'autant de cases qu'il lui plaît, et ce aussi bien horizontalement et verticalement qu'en diagonale, elle deviendra la pièce maîtresse du jeu et celui-ci s'en trouvera profondément modifié; les parties seront plus dynamiques et plus riches en retournements de situation. Jusqu'à cette date, la pièce la plus forte sur l'échiquier est l'alfin (fou ou évêque, ancien éléphant du jeu oriental) qui avance en diagonale d'autant de cases qu'il le veut[2]. Le roc (notre tour actuelle), au contraire, ne peut se déplacer qu'horizontalement ou verticalement et seulement d'une, deux ou trois cases à la fois[3]. Sa force est à peu près égale à celle du cavalier qui comme aujourd'hui se déplace toujours de deux cases en deux cases, l'une en diagonale, l'autre à angle droit. Quant au roi, il peut avancer dans toutes les directions, de deux, trois ou quatre cases lorsqu'il se trouve dans sa moitié de l'échiquier, d'une seule case lorsqu'il se trouve dans la moitié adverse. Même marche pour le simple pion mais seulement vers l'avant en ligne verticale. Ces règles expliquent pourquoi les parties sont lentes et peu mouvementées. Elles consistent davantage en une suite de « combats singuliers », pièce contre pièce, qu'en des stratégies de grande envergure, mettant en branle tout l'échiquier. Mais cela ne gêne guère les joueurs de l'époque féodale, habitués aux affrontements de petits groupes, voire au corps à corps, et pour qui l'essentiel n'est pas de gagner mais de jouer. Comme dans d'autres exercices aristocratiques - la chasse par exemple -, le rituel compte plus que le résultat. Au reste, jusqu'à la fin du XIIe siècle, si l'on en croit les textes littéraires, comme dans les guerres féodales, il n'est pas vraiment prévu qu'une partie se termine par la victoire ou par la défaite de l'un des deux camps: lorsqu'un roi se trouve en position de mat, on le déplace d'une ou de plusieurs cases et la partie reprend. Capturer ou tuer, même symboliquement, le roi adverse aurait quelque chose de vil, de lâche, et même de ridicule. Le vainqueur, si vainqueur il y a, n'est pas celui qui met son adversaire en position de mat mais, comme au tournoi, celui qui a réalisé les plus beaux coups[4]. Ces pratiques, cependant, évoluent dans le courant du XIIIe siècle, comme le montre le volumineux traité compilé vers 1280 à la demande du roi de Castille Alphonse X. Sous l'influence des joueurs musulmans, plus forts que les chrétiens, les parties se font moins longues et, par la position du mat, désignent désormais le vainqueur et le vaincu. La guerre féodale, qui servait de modèle, est désormais loin. À partir des années 1300, des compétitions sont organisées qui mettent aux prises les meilleurs joueurs d'une cour, d'une ville, d'une région, d'abord dans la péninsule Ibérique et en Italie, puis dans toute l'Europe occidentale. Mais jusqu'à la fin du Moyen Âge, les joueurs occidentaux les plus forts restent italiens et espagnols; par la suite ce seront les Portugais[5]. Il existe déjà quelques champions renommés dont, pour le xve siècle, nous avons gardé les noms[6]. Ces champions paraissent avoir de bonne heure préféré la composition de problèmes théoriques aux parties véritables. Plusieurs recueils de ces problèmes nous ont été conservés et témoignent déjà de l'extraordinaire dimension spéculative du jeu. Les fins de partie y retiennent alors toute l'attention, mais pas encore les ouvertures. [1] W Wackernagel, « Das Schachspiel im Mittelalter », dans Abhandlungen zut deutsche Altertumskunde und Kunstgeschichte, Leipzig, 1872, p.107 127. [2] À partir du XIVe siècle, plusieurs auteurs limitent à trois cases maximum la marche de l'alfin. [3] À partir du milieu du XIVe siècle, certains auteurs italiens affirment que le roc peut se déplacer d'autant de cases qu'il lui plaît. II devient ainsi, à la place de l'alfin, la pièce la plus forte. [4] M. Pastoureau, L'Échiquier de Charlemagne, op. cit., p. 37 39. [5] Toutefois, jusqu'au XVIIe siècle, chaque fois qu'ils s'affronteront, les joueurs musulmans l'emporteront sur les joueurs chrétiens. [6] J. M. Mehl, Les jeux au royaume de France, op. cit., p.184 222. |
(Created 19/04/2012)
25/05/2013